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Le blog de Didier Guillot

Bonjour et bienvenue ! Ce blog est mon espace d'expression et d'échange politique. Il me permet de rendre des comptes de mon mandat de conseiller de Paris du 18ème arrondissement délégué à l'enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante et Président de l'EIVP. Adhérent de La République En Marche et membre de son comité de pilotage parisien, je suis membre du groupe Démocrates et Progressistes au Conseil de Paris et dans le 18eme. Ce blog me permet également de commenter notre actualité politique nationale et parisienne.N'hésitez pas à réagir, à partager et à participer ! De gauche. Réformiste. Européen. Libéral. Ecologiste. Démocrate. Par ailleurs cycliste, pianiste, pongiste et amoureux de la montagne et des écrins.

Le vent mauvais de la défiance

Pendant 6 mois nous avons eu droit à la révolte de la France réactionnaire et "versaillaise" des bonnes familles bien comme il faut sous la banderole la manif pour tous. Comme la revendication c'était de refuser le mariage pour tous, on trouva un slogan rassembleur pour faire oublier le motif haineux qui se cachait derrière. Et puis cela voulait dire aussi que même la bourgeoisie traditionnelle a bien le droit de battre le pavé, merde quoi chier Marie Chantal ! Le clip des Inconnus de 1991 sur le ghetto NAP a repris des couleurs... 

Nous avons aussi eu aussi droit à la révolte des pigeons mais ce fut de courte durée.

Est venu ensuite la révolte des Professeurs des Ecoles cornaqués par les directeurs d'école contre l'intrusion du pouvoir local dans le cadre de l'application de la réforme des rythmes éducatifs. Les professeurs des écoles ont eu peur et d'abord cette peur absurde du déclassement. Comme si accepter que d'autres professions puissent intervenir dans l'univers de l'école consistait à remettre en cause leur compétence qui consiste tout simplement à transmettre le savoir et la connaissance. Compétence nullement remise en cause et même revalorisée à travers le retour de la formation ! La crispation sur les rythmes était d'abord une crispation de lutte des classes. La lutte de professeurs qui ne supportent pas l'idée que des animateurs moins formés et moins payés qu'eux puissent être comparés à eux. Confier des enfants à des animateurs cela revient dans leur tête à expliquer que leur métier ne vaut plus rien. C'est un raisonnement de repli sur soi. Le pire de la lutte des classes. C'est du même ordre que le Smicard qui accuse le RMIste de profiter du système. Et une fois encore c'est de la révolte à l'envers. Et celle là est d'autant plus absurde et indécente qu'elle arrivait dans un contexte où les promesses fortes de la campagne de François Hollande sur la question de l'éducation étaient toutes tenues très rapidement : création de postes, réforme des rythmes, formation des maitres. Les hussards de la République se sont comportés en enfants gatés de la gauche au pouvoir. Ce n'est pas la première fois hélas. C'est d'ailleurs comme cela que Claude Allègre a très mal viré ! 

Maintenant en Bretagne on a droit à l'alliance des petits patrons des agriculteurs, des derniers curés, des routiers et de quelques salariés paumés contre une idée qui reste une belle idée (faire payer les camionneurs pollueurs pour financer le transport public). A écouter les bonnets rouge, on a l'impression que la Bretagne est un DOM TOM où la vie est plus chère avec 40% de RMIstes. Sauf que la Bretagne n'est ni Mayotte, ni Saint-Pierre et Miquelon, mais juste une région qui jusqu'ici a plutôt été épargnée par le plus dur de la crise et qui se trouve reliée au coeur de la France par des transports en grande vitesse comme Toulouse les attends toujours par exemple. 

Et pour finir nous avons le droit à des patrons de club de foot où l'argent coule à brassées de millions qui demandent à leurs salariés de se mettre en grève.

Et tout cela sur fond de montée de l'intolérance et du racisme à visage ouvert, largement préparé par 10 ans de propagande d'Etat UMP avec les débats indignes sur l'identité nationale. 

Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir Mélenchon trépigne en attendant que la révolte gronde et que la révolution se pointe ENFIN.

Mais moi ce que je vois, c'est d'abord la contre-révolution et la révolte de la France réac, des castes et des petits intérêts ou des tout petits intérêts mêmes et quand je fais l'addition de tout ce que cela révèle, c'est tout simplement le prurit le plus profond du tréfonds de la vieille droite française qui n'accepte tout simplement pas la légitimité d'un pouvoir de gauche et cela révèle également que la politique menée par la gauche n'est peut-être pas aussi droitière que Mélenchon l'exprime aussi souvent sinon ce ne serait pas les mêmes catégories qui se mobiliseraient.

Il n'en reste pas moins que cette arrivée au pouvoir de la gauche coïncide hélas avec un profond mouvement de repli sur soi et de réflexe de peur d'une certaine France et tout cela dépasse la France réac et sent quand même très mauvais. Nous ne devons jamais oublier que la gauche victorieuse en 2012 par la lame du scrutin majoritaire était très largement minoritaire au premier tour des scrutins présidentiels et législatifs. Nous ne devons jamais oublier que le rejet de Nicolas Sarkozy a sans aucun doute été plus fort que l'adhésion au Projet de la gauche et de François Hollande. Nous ne devons jamais oublier que la croyance d'une élection qui se gagne au centre a été écornée par ce très curieux entre deux tours 2012 qui a vu une remontée spectaculaire des intentions de vote de Sarkozy coïncider avec un discours et un virage très à droite jamais vu sous la 5ème République.

 

Nous sommes entrés dans l'ère de la défiance, de toutes les défiances. Un thermomètre est édifiant de ce point de vue là, c'est le baromètre SOFRES du Figaro Magazine. Ce métronome remonte à très loin et permet des comparaisons qui vont loin. Or, si l'on scrute la dernière livraison et même les dernières livraisons, il ressort non seulement un niveau d'affaiblissement de l'exécutif jamais atteint, mais surtout un niveau de défiance de toute la classe politique jamais atteint. Lors des 2 dernières fois que la gauche a gouverné, en 1988 et 1997, 18 mois après la plupart des ministres avaient une cote d'avenir comprise entre 60% et 70% et les leaders de l'opposition eux se plaçaient entre 40% et 50%. Cette fois Manuel Valls surclasse tout le monde à 44% ce qui est très bas au regard de ce baromètre, et les leaders de l'opposition ne sont qu'à 30% et tous les autres ministres entre 10% et 25%. En réalité ce niveau de défiance jamais atteint de la classe politique est le fruit d'une résignation totale plus que d'une révolte. En 1993 les socialistes se faisaient insulter dès qu'ils mettaient le nez dehors. Là nous ne nous faisons pas insulter, mais plus personne ne croit que le politique puisse changer quelque politique que ce soit. Cet Etat de résignation est très inquiétant et il se traduira sans doute par une explosion de l'abstention plus que d'une vague en faveur de tel ou tel autre parti "alternatif". Non seulement les français ne croient plus dans leurs gouvernants, mais ils ne croient plus dans aucun gouvernant potentiels. Et si Marine Le Pen surfe sur ce climat délétère, elle pourra monter et monter encore, mais le bon sens Français l'empêchera de gagner in fine.

La profondeur de la crise est passée par là assurément.  

Pour renverser la table il faudra effectivement restaurer une crédibilité affaiblie. L'affaire Léonarda sera sans doute un peu à Hollande ce qu'a été le casse toi pov con à Sarkozy. C'est sa présidentialité qui en a pris un coup. Et la gauche comme le PS n'ayant jamais tranché des sujets aussi lourds et complexes que l'immigration et la sécurité, Hollande s'est retouvé dans l'incapacité de trancher jusqu'à rendre cet absurde jugement de Salomon.

Mais au delà de la question de l'autorité de l'exécutif, rien ne sera possible sans que l'équipe qui dirige la France décide enfin d'avancer dans la même direction. Pour restaurer le crédit de la politique gouvernementale qui est une bonne politique il faut d'abord l'assumer pleinement et de manière unique et unitaire. Il faut cesser de laisser croire qu'il y aurait une ligne Valls et une ligne Taubira, qu'il y aurait une ligne Moscovici et une ligne Montebourg. Qu'il y aurait un ministre chargé de l'impôt qui explique qu'il comprend le ras le bol fiscal. Quand chaque ministre fera l'éloge de tout le gouvernement et expliquera la politique de tout le gouvernement et bien chacun pourra commencer à y croire. Il revient à Jean-Marc Ayrault et François Hollande non seulement de donner un cap mais d'expliquer davantage l'unité au sens propre des choix qui sont faits. Quant au PS Désirien il devrait être le lieu de la pédagogie, il reste le lieu de la démagogie. Le MJS quant à lui pourrait faire des campagnes pour vanter le mariage pour tous, la hausse des bourses ou la priorité à l'éducation devenue effective. Il préfère exciter les lycéens et faire des campagne contre l'UMP sur le même mode de communication des campagnes stupides de l'UNI. Quelqu'un peut-il prévenir Harlem Désir et les dirigeants du MJS que c'est la gauche qui gouverne et que de taper sur l'UMP n'a que peu d'intérêt aujourd'hui car ce parti est pour l'instant hors jeu et hors responsabilité pour le présent.

L'essence du mendésisme consistait à faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Et dans le dire ce que l'on fait, il y avait ce besoin irrépressible d'expliquer, d'expliquer et de convaincre. Alors à tous nos gouvernants, faites ce que Bertrand Delanoë a si bien réussi pendant 12 ans à Paris à travers les comptes rendus de mandat : expliquer ce que vous faites et expliquer le avec passion et raison, avec intelligence et simplicité et avec conviction pour tout ce qui est fait. Parce que tant que vous laisserez penser que vous mêmes n'y croyez pas, et bien la défiance sera au rendez-vous. La phrase de Moscovici étant sans doute la pire dans son genre.

Le projet de François Hollande est de retrouver une société de confiance. Confiance dans les valeurs de la République : confiance dans la Liberté (Le mariage pour tous...), confiance dans l'égalité (l'éducation au coeur, la réforme fiscale...), confiance dans la fraternité (le refus de la montée du racisme, de l'intolérance et des affrontements). Mais la confiance va à la confiance et la défiance va à la défiance. Alors François, Jean-Marc, Manuel, Christiane, Arnaud, Christiane, Vincent, Marisol, Harlem et tous les députés et élus de la République, ayez confiance dans votre action, la votre et celle de vos collègues et vous pourrez alors redonner confiance et ce sera encore plus évident quand les premiers résultats se feront sentir, comme sur le fait par exemple de la baisse du chômage des jeunes depuis 5 mois. Les français jugeront en 2017 et ils retrouveront les chemins de la confiance si les résultats sont là et si chacune et chacun joue son rôle avec une équipe qui oublie ses égos et qui joue justement en équipe. 

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M
Excellente analyse.
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