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Le blog de Didier Guillot

Bonjour et bienvenue ! Ce blog est mon espace d'expression et d'échange politique. Il me permet de rendre des comptes de mon mandat de conseiller de Paris du 18ème arrondissement délégué à l'enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante et Président de l'EIVP. Adhérent de La République En Marche et membre de son comité de pilotage parisien, je suis membre du groupe Démocrates et Progressistes au Conseil de Paris et dans le 18eme. Ce blog me permet également de commenter notre actualité politique nationale et parisienne.N'hésitez pas à réagir, à partager et à participer ! De gauche. Réformiste. Européen. Libéral. Ecologiste. Démocrate. Par ailleurs cycliste, pianiste, pongiste et amoureux de la montagne et des écrins.

Questions pour un champion

 

Il nous reste 5 mois pour entrer de plain-pied dans la campagne des primaires et pour connaître le casting sur lequel devront se déterminer les dizaines, voire centaines de milliers voire millions d’électeurs de gauche. 5 mois pour y voir plus clair à la fois dans le « programme » du PS qui devra être bouclé d’ici là (avec une fois encore un calendrier absurde). D’ici là les candidats déjà installés et ceux qui entreront en scène petit à petit auront tout loisirs de nous expliquer leur stratégie, leur angle d’attaque, leur vision politique et de nous vendre leurs atouts supposés l’emporter pour mieux l’emporter le 22 avril et 6 mai 2012, parce qu’il y a bien 2 tours où il faut l’emporter.

Comme beaucoup de militants, sympathisants et citoyens, je n’ai pas encore fais « mon choix » et reste dans une grande perplexité tant les atouts des uns pour les handicaps des autres et vice-versa et le meilleur candidat restant un mix de tous ces candidatEs putatifs.

Voici un petit état des lieux pour tenter d’y voir plus clair.

 

1° Les primaires vont-elles passionner les français ?

 

Selon les sondages consacrés à l’outil, il semble. Selon la tonicité de la vie interne de nos sections, cela parait difficile à croire. En fait, c’est bien la nature et la qualité du casting qui feront de ces primaires un enjeu sur lequel les foules citoyennes se déplaceront ou pas. Si tout le monde se rallie d’office à une candidature de DSK ou d’Aubry par exemple, il n’y aura pas de réel enjeu. Si au contraire on va vers une primaire dans laquelle plusieurs candidatEs importants sont sur la ligne de départ, alors le peuple de gauche se déplacera pour trancher. A ce stade, je ne parierai pas pour le million mais j’espère au moins que l’on retrouve les près de 300 000 votants de la primaire 2006. Vu le nombre de sympathisants de gauche que l’on a écoeuré de 2007 à 2011 par notre vie interne, ce n’est pas tout à fait gagné. J’ai d’ailleurs souligné lors du Bureau Fédéral qu’avant d’aller faire du porte à porte comme les témoins de Jéhovah au mois de mars pour causer de la primaire, il faudrait peut-être commencer par nous adresser à ces dizaines de milliers de sympathisants qui ont un jour adhéré à notre parti au cours des 10 dernières années et pour qui nos apparatchiks ouverts et généreux se sont ingéniés à inventer et appliquer toutes les règles et mécanismes bureaucratiques pour les éliminer de nos fichiers.

 

2° Est-ce que les primaires seront le match entre le messie sauveur d’outre Atlantique et le reste du monde socialiste ?

 

J’espère que les primaires ne tourneront pas à un référendum Pour ou Contre DSK. Je fais partie de ceux qui voteront peut-être pour DSK.  Plus les détenteurs de brevet de socialisme s’acharneront sur lui plus j’aurais envie de voter pour lui. Mais si DSK fait partie des candidats assurément les plus sérieux, je n’accepte pas non plus qu’on le réduise à un statut de sauveur. Il y a un an son principal argument de vente résidait dans le fait qu’il était sur le papier le seul à pouvoir battre Sarkozy. Si son avantage sur les autres candidats potentiels reste certain, il n’est plus désormais « le seul » à pouvoir battre Nicolas Sarkozy. Il semble même que c’est désormais le cas de tous les candidats. Il n’en reste pas moins que le différentiel avec les autres candidats reste important sur le score du 1er tour et qu’en période de montée de Lepenisme ambiant, ce n’est pas à négliger. C’est étonnant le décalage entre la perception de DSK par le peuple militant de gauche et par le peuple de gauche interrogé. A lire les commentaires des militants les plus sectaires, DSK serait un repoussoir absolu, un mec qui même pas de gauche, un libéral, un riche, un américain et j’en passe et des meilleures. Et pourtant dans toutes les enquêtes d’intention de vote, il met près de 10 points dans la vue des autres candidats flirtant avec les 30% quand tous les autres naviguent autour des dangereux 20% que tangente déjà le New FN. Et le plus drôle c’est que c’est que c’est dans l’hypothèse où il y aurait DSK que les candidats à la gauche du PS (Besancenot, Mélenchon, Joly…) feraient leur plus mauvais score. On pourrait penser le contraire au vu des cris d’orfraie poussés par les tenants du purisme de gauche. Il reste cependant à DSK à redéfinir sa vision de la France, de notre société. Sa vision politique reste datée. Son meilleur livre date de 2002 « La flamme et la cendre » et celui sorti en 2006 n’a aucun intérêt (« 365 jours »). Il lui faut désormais indiquer sa vision du monde, de la gauche, de la France et des mesures clefs à prendre dans un quinquennat.

DSK dispose d’un atout indispensable dans une campagne présidentielle : son rôle au FMI lui a conféré une stature qu’aucun des autres postulants actuelles ne dispose aujourd’hui. Les seuls qui pourraient jouer dans cette cour là sont Bertrand Delanoë et Laurent Fabius mais à ce stade ceux-ci ont choisi de se mettre en réserve ou en retrait. Or, compte tenu de la façon dont Nicolas Sarkozy a massacré la fonction présidentielle, il ne me parait pas du tout négligeable d’appuyer là où çà fait mal.

Dans un moment de crise les Français ont aussi besoin d’être « rassurés » aussi conservateur que ce mot puisse sentir. Je rappelle d’ailleurs que Nicolas Sarkozy a d’abord été élu par les plus de 60 ans en 2007 et que ces derniers seront encore un peu plus nombreux dans le corps électoral de 2012. Or le public « âgé » est particulièrement sensible à cette question de la stature et de la posture.

C’est bien sur cette question que Ségolène Royal aurait du faire un travail sur soi depuis 2007 et c’est justement sur cette question que François Hollande a lui réussi ce travail sur soi, le propulsant lentement mais très sûrement dans la catégorie des candidats « sérieux » là où il pouvait passer pour une « fraise des bois » selon l’expression de Laurent Fabius.

Si DSK n’est pas le seul candidat à pouvoir gagner, il reste donc le plus crédible, le plus sérieux mais aussi le plus solide pour affronter le monde tel qu’il est en 2011.

De 2002 à 2011 les socialistes ont pris beaucoup de leur aise avec le sens des réalités et il ne suffit pas de dire comme le fait Martine Aubry que de 1997 à 2002 nous avons mieux gérer que la droite depuis 2002. Depuis 2007, le chiffre des Français qui pensent que l’opposition ferait mieux que la majorité n’a pas bougé, il n’a jamais passé la barre des 40%, soit le socle de la gauche.

Si François Hollande a réussi à occuper le créneau de DSK en son absence c’est justement en gardant cette ligne qui fut d’ailleurs la sienne au cours de ses 10 ans de mandat à Solfé : promettre que ce que l’on peut réaliser et dire et faire dans l’opposition comme si on était dans la majorité et inversement. Cette maxime suédoise est le talisman du nouveau Hollande et cela lui réussit plutôt bien.

A ce stade, je me permets juste de relever que j’ai voté pour une motion au fameux congrès de Reims qui était relativement claire sur le sens des responsabilités dans lequel nous devions aborder l’échéance 2012. En 2008 Bertrand Delanoë incarnait parfaitement ce choix. Son retrait de l’avant scène a donc laissé l’espace à François Hollande et dans une certaine mesure Pierre Moscovici qui l’un et l’autre ont su poursuivre le jeu de cette partition et pour ma part, cela me rassure que ce positionnement ne soit pas abandonné.  

 

3° Est-ce que la première secrétaire est forcément la mieux placée pour rassembler les socialistes et la gauche ?

 

C’est la nouvelle rengaine chez nombre de dirigeants qui sont un peu paumés et pour qui la fonction de « premier secrétaire » vaudrait flambeau d’office. D’abord nous ne sommes pas en « régime parlementaire » et ce n’est pas automatiquement le leader du parti qui part au combat comme dans toutes les démocraties parlementaires voisines. On peut d’ailleurs noter que ce fut le cas dans les périodes de cohabitation quand Jacques Chirac a gagné les législatives de 1986 ou Lionel Jospin celles de 1997. Mais c’est le même Lionel Jospin qui en imposant l’inversion du calendrier lié au quinquennat a tué toute idée d’élection à l’anglo-saxonne. Or dans la 5èmeRépublique, nous avons connu des moments où notre régime devenait à dominante parlementaire, ce sont les périodes où les majorités étaient faibles (1967, 1978, 1988) et celles où il y a eu cohabitation (1986, 1993, 1997). Désormais nous n’aurons plus que des élections présidentielles couplées de facto avec les législatives. Or, si on regarde ce que sont les élections présidentielles sous la 5èmeRépublique, sur les 8 élections, le candidat socialiste n’a été que 2 fois le chef du parti (1974 et 1981). Il est même arrivé que le chef du parti soit humilié par le candidat comme lors de la primaire de 1995 où Lionel Jospin sorti totalement isolé 2 mois avant d’un congrès écrabouillait par 66/34 le premier secrétaire du parti Henri Emmanuelli. A ce moment là ce sont bien les scores pitoyables d’Henri Emmanuelli dans les sondages qui ont joué en sa défaveur avant tout et l’instinct de survie de ce qui n’était pourtant que le corps électoral des simples militants qui payait leur suffrage censitaire, à savoir leur cotisation pure et vraie…

A ce stade, Martine Aubry dispose assurément de sérieux atouts pour être en pôle position. Mais la nature plus que controversée de son élection ne lui ont jamais permis d’assurer une légitimité incontestable qui fut celle de Lionel Jospin ou de François Mitterrand quand ils dirigeaient le PS. Ces 3 ans aurait du lui permettre de faire place nette mais son bilan est trop mitigé pour cela. Les dirigeants se sont remis au travail. Mais les militants ont déserté comme cela n’était pas arrivé depuis les années 91-93. Mais j’avoue surtout avoir un problème vraiment important avec la candidature de Martine Aubry c’est son rapport au monde médiatique. Cela doit lui faire du bien de systématiquement rudoyer les journalistes mais comme ceux-ci n’apprécient pas plus que cela, ils n’oublient jamais de le mettre en avant. Ils ont sans doute tous les défauts du monde mais dans notre médiacratie, je ne suis pas du tout sûr que de passer son temps à les maltraiter comme un vulgaire Mélenchon puisse être d’une grande efficacité électorale. Mais il y a pire, c’est son rapport aux prestations télévisuelles. Le débat avec le patron de l’UMP, elle le refuse pour céder la place à Hollande. Pas très grave c’est le moment où il en profitera pour se remettre en scelle durablement. Le seul et unique débat télévisuel de la campagne des européennes, elle le fuit alors que tous les leaders de tous les partis sont eux présents. Elle le fuit au prétexte d’un meeting à Lille plus important. Dans son univers, il est plus important de parler à 1000 militants déjà tous convaincus à Lille que de convaincre 4 millions de téléspectateurs qui regardent la télévision. Vient le débat sur les retraites, elle laisse la place à Ségolène Royal qui crève l’écran. Nicolas Sarkozy fait ensuite 2 grandes émissions politiques et à chaque fois elle laisse le soin à d’autres de commenter et de s’opposer. Pendant ces 3 ans on aura d’ailleurs bien plus souvent vu et entendu le porte parole du PS que la première secrétaire. Et ce dernier portant assez souvent sa propre parole plus que celle du PS, on est en droit d’être troublé. On peut y voir une façon moderne de « déléguer » et de « partager le pouvoir ». Je crains surtout d’y voir une méfiance et une peur des règles du jeu médiatique. On peut trouver cela intéressant et même le comprendre. Mais une campagne présidentielle cela ne se joue absolument pas dans des meetings pour militants dévoués, convaincus et grisonnants. Cela se joue avant tout à la télévision, dans les radios, dans les médias et demain dans les réseaux sociaux horizontaux qui fonctionnent à des années lumières de la culture verticale d’un appareil qui a pris 30 ans de retour en arrière en 3 ans. C’est peut dire que ce dans cet univers là, les poissons Sarkozy, Mélenchon, Bayrou, Sarkozy, Le Pen, Hulot, Joly, et peut être des Borloo, Tapie ou je ne sais qui encore, ont bien mieux compris les règles du jeu que Martine Aubry. Martine Aubry serait idéale pour gagner une élection sur le mode parlementaire comme 1997. Mais il s’agit là de gagner une élection présidentielle et j’ai donc de vrais doutes. Par ailleurs Ségolène Royal a toujours eu l’art inédit de savoir parler un langage compris par les sans grade de la politique, ceux qui ne lisent pas leur quotidien tous les jours. Ceux qui ne sont pas dans le microcosme. Ce langage a su mobiliser une part non négligeable des quartiers populaires et en particulier les jeunes qui ne votent jamais. J’ai quelques doutes sur les effets de la langue de bois et le robinet d’eau tiède de Martine Aubry pour obtenir les mêmes résultats.

 

4° Est-ce que le rassemblement de la gauche est le plus important ?

 

Cette question corollaire de la précédente montre à quel point chez nombre de militants, la culture « parlementaire » persiste et que les règles de la 5ème république n’ont toujours pas été intégrées. Il ne s’agit pas d’une élection à la proportionnelle pour savoir quel sera le poids de chacun des partis et de leurs leaders. Il s’agit bien d’une élection qui se joue à 2 tours avec des citoyens à convaincre et ces citoyens sont à 98% membres d’aucun parti.

Mais si l’élection présidentielle est d’abord un rapport direct entre un ou une candidatE et les électeurs, il va de soi que si les candidats des autres partis de la gauche font toute leur campagne de 1er tour contre le ou la candidatE socialiste désignée lors des primaires, nous aurons alors toutes les difficultés à rassembler au second tour. Chacun devra être devant ses responsabilités : veut-on permettre une troisième législature UMP et un second mandat de Nicolas Sarkozy ? Quel que soit le candidatE désigné lors des primaires, je doute que le ou la futurE PrésidentE de la République ne trouve que des socialistes pour former un futur gouvernement de rassemblement. De toutes les façons, le paysage est déjà clair : le PS pourra gouverner avec le PRG, les Verts et le Front de gauche et ne pourra pas gouverner avec le NPA. Quant au Modem, tout dépendra de notre candidatE. Si le choix de notre candidatE laisse un espace politique à François Bayrou et au Modem, le paradoxe de la situation rendra alors la main tendue indispensable comme a tenté de le faire très maladroitement Ségolène Royal entre les 2 tours de 2007. Si notre candidatE occupe le terrain de la crédibilité, il ne laissera alors aucun espace politique pour permettre à Bayrou de rééditer son exploit de 2007.

 

5° Les « petits candidats » ne jouent-ils que pour devenir ministre ?

 

Daniel Le Scornet, Jean Mallot, Manuel Valls, Gérard Collomb, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg. Le fond de court est chargé. Pour autant, le seul candidat en mesure de susciter une vraie dynamique dans les primaires est Arnaud Montebourg. Il lui reste à monter qu’il peut donner envie. En attendant son départ de campagne est plutôt bon et son bouquin est excellent. C’est même le meilleur bouquin politique d’un responsable socialiste depuis le bouquin de DSK de 2002, « La flamme et la cendre ». Ses propositions sont autrement plus fines, ajustées et novatrices que le catalogue des conventions nationales du PS. Arnaud Montebourg n’a jamais été ministre. Et alors ? Tony Blair, Felipe Gonzalez, James Cameron, Luis Zappatero et bien d’autres ont tous été élus leaders de leur pays avant 50 ans et sans n’avoir jamais été ministre. La République paternaliste cela suffit. Qu’Arnaud fasse son chemin et popularise ses propositions pour marquer son empreinte dans les primaires. J’ai pour ma part un vrai conflit d’ordre politique avec sa perception de la mondialisation. Il reste enfermé dans une vision très franco-française de ce qu’on peut faire. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Jean-Pierre Chevènement s’est rapproché de lui. Sa vision de l’écologie, de la République ou encore de la dette est très décoiffante, mais son credo pour les SCOP est sympathique mais pas très en rapport avec les données économiques. Les SCOP sont en tout point formidables et une vraie alternative au modèle capitaliste. Mais aujourd’hui cela pèse combien dans le salariat français ?

Manuel Valls lui a tenté le Jackpot en lançant le débat du nouvel an : les 35h. Mal lui en a pris car il a surtout montré qu’il ne maîtrisait pas du tout le débat qu’il suscitait. Il faudra trouver autre chose et comme dans son univers, il n’y a que les coups médiatiques pour exister politiquement, la suite sera plus dure car c’est une cartouche de grillée.

Enfin Ségolène Royal est encore celle que tout le monde a enterrée un peu vite. Je ne voterai pas pour elle parce qu’elle n’a pas réussi à surmonter son déficit de crédibilité et qu’elle est désormais trop seule. Mais si elle est candidate jusqu’au bout, je suis prêt à parier qu’elle sera forcément au second tour de la primaire. Face à DSK, Hollande, Montebourg ou Aubry.

 

6° La campagne se jouera sur le « plus à gauche que moi tu meurs ».

 

Il paraît que plus le candidat socialiste est « à gauche » et plus les chances de l’emporter sont grandes. Je ne sais pas bien à quoi tient cet axiome, mais moi j’ai adhéré au PS en janvier 1988 et la campagne qui a mis le candidat socialiste le plus haut et au premier et au deuxième tour c’est justement celle de 1988 et à l’époque, c’était plutôt une campagne très modérée, très consensuelle où l’ouverture « à droite » était à la mode. Je ne dis pas qu’il faut faire la même campagne que 1988, mais il n’y a aucun automatisme. C’est d’abord la campagne en soi qui fait la différence. Chirac a massacré Balladur une fois entré en campagne. Lionel Jospin 2002 a été aussi mauvais qu’il avait été bon en 1995 ou 1997.

Il ne faut pas être plus à gauche mais au "mieux à gauche".

Par ailleurs, en 2007, faut-il rappeler que Ségolène Royal a siphoné toute la gauche au 1er tour tout en perdant un nombre considérable de voix au centre gauche chez Bayrou. Le total des voix de gauche atteignait 34%. On est bien loin des 50% nécessaires. Or depuis 2007, tous les sondages montrent le rejet de Sarkozy accompagné d’un scepticisme certain sur la gauche. Les français ne se sentent pas « plus à gauche » aujourd’hui qu’il y a 5 ans même s’ils sont plus hostiles que jamais à l’exécutif UMP.

Par ailleurs, au delà de la question du centre ou de la gauche, rappelons que nous sommes dans un climat de montée puissante de Le Pen fille et que faire un score important dès le premier tour sera un enjeu très important de 2012.

Enfin, il ne s’agit pas seulement de gagner une élection mais bien de gouverner pendant 5 ans. Il y a d’ailleurs des élections régionales, cantonales et municipales en 2014. Si nous faisons un feu d’artifice de promesses intenables, les électeurs nous le ferons payer aux élections intermédiaires comme ils l’ont fait en 1983.

Si on pouvait éviter de perdre les élections intermédiaires (ce qu’avait su faire Lionel Jospin) et même être réélus en 2017, cela me paraît bien plus intéressant que de savoir quelles mesures on va pouvoir bourrer dans les 100 jours.

 

7° Notre candidat sera corseté par le programme socialiste.

 

Le PS a encore réussi a concocté un calendrier ridicule. Il est incapable d’intégrer les données de la 5ème République. Peu importe. Mais petit retour en arrière tout de même.

1988 : François Mitterrand écrit la Lettre à tous les Français. Programme très personnel et pas vraiment un copié-collé du « programme du parti ».

1995 : Lionel Jospin désigné candidat renvoie immédiatement dans ses cordes Julien Dray et son programme concocté à la demande d’Henri Emmanuelli, premier secrétaire.

2002 : Le même Lionel Jospin exprime d’emblée que son programme « ne sera pas socialiste », au moment où une certaine Martine Aubry a rendu sa copie en responsable du « projet socialiste » qu’elle était.

2007 : Ségolène Royal lance les « Débats participatifs » pour ajuster le « projet socialiste ». Son projet s’en rapproche mais elle s’approprie son propre projet.

Nous voilà donc avec cette fiction de la rédaction du « projet ou d’un programme socialiste » avant de connaître le visage de notre champion. Tout cela est d’autant plus ridicule que chacun mesure combien DSK, Hollande, Montebourg ou Royal feront ce qu’ils voudront à partir des propositions du PS. Certes on peut imaginer que si Martine Aubry est désignée, elle sera obligée de coller au catalogue de la redoute du PS. Pas sûr que cela soit une chance. Mais une chose est sûre, je rejoins François Hollande pour craindre que cet agencement de notre calendrier nous mette bien tard en ordre de marche.

 

8° Le PS risque t’il de sortir en lambeaux ?

 

La seule catastrophe qui peut nous arriver c’est d’avoir un second tour avec un duel Aubry-Royal qui se termine à 50%. Mais l’histoire ne repasse pas les plats. Il va de soi que si des irresponsables s’amusent à torpiller le processus notamment en tentant de reproduire les petites fraudes à 2 balles, Sarko sera alors réélu. Mais c’est bien parce que l’instinct de survie devrait logiquement l’emporter que les primaires devraient se dérouler au mieux. Celui ou celle qui fera plus de 50% sera en mesure de rassembler les socialistes et la gauche. Et trouvera par la suite le soutien de tous les autres. J’espère que celui ou celle qui sera désigné saura mieux tendre la main aux challengers que Ségolène Royal ne su le faire en 2006. Mais comme tous ces candidats ont été aux avant postes de la gauche plurielle génération « dream team » de 1997 à 2002, il n’y a aucun doute qu’ils se retrouveront tous pour faire basculer la France à gauche. Dans le retour à la République. 

 

Bref si je n’ai pas fait mon choix, celui-ci commence à s’affiner. Je rêve toujours que Bertrand Delanoë trouve une fenêtre pour jouer dans cette cour mais je n’y crois plus vraiment. Mon tiercé est donc clair : DSK – Hollande – Montebourg. Je ne sais pas encore dans quel ordre, mais là cela dépendra tout simplement de qui sera sur la ligne de départ. Encore 6 mois. Plus que 6 mois.

 

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L
<br /> Ce n'est pas le problème de DSK. Le problème est ailleurs dans le projet du programme. Nous attendons comme une majorité de nos concitoyens une vraie politique de rupture.<br /> Il est tant de passer à une nouvelle république. Le système est fini et corrompu. Pour le moment je ne partage pas totalement ses idées,je ne veux pas seulement quelqu'un de mieux moralement que<br /> Sarko car cela c'est très facile mais quelqu'un qui a le courage de vraiment changer le plus de choses possibles. Je voterai seulement en fonction de cela car nous en avons tous ras-le-bol.<br /> Quelqu'un qui nous écoute aussi...ce n'est pas le cas en ce moment. ET à gauche toute ! Liberté, égalité, fraternité les seuls mots que nous devons retenir. A eux seuls, ils représentent un<br /> programme. Pas de bla-bla, des vraies prises de position.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Analyse assez complète Didier, même si je ne partage pas ton point de vu sur François Hollande qui a selon moi une part de responsabilité importante dans l'échec de la gauche en 2007 et dans<br /> l'incapacité du PS à s'adresser aux classes populaires, à renouveler son corpus idéologique et à entrer dans la modernité. Je ne crois pas qu'on puisse gagner le cœur et la raison des Français en<br /> 2012 en leur servant de la soupe froide (ou réchauffée).<br /> Alors, Montbourg certainement ; DSK, peut-être (à l'occasion d'un 2nd tour); Hollande, assurément pas.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Merci pour ce point de vue que je partage en grande partie. Il faut tout de même que le Parti Socialiste dise pourquoi il est important qu'il revienne au pouvoir et remplace l'actuelle désastreuse<br /> équipe. Il ne suffit pas de parler de "retour à la République" mais dire que les socialistes restaureront la prédominance de l'état dans les affaires publiques, la solidarité nationale et la vertu<br /> dans la gestion du bien commun. Il me semble que l'exaspération des français à ce propos est à son comble.<br /> Pour moi, il est clair que notre meilleur candidat aujourd'hui serait Arnaud Montebourg. Mais l'essentiel est que nous nous retrouvions tous unis derrière celle ou celui qui sera<br /> désigné(e)/choisi(e) à l'issue des primaires.<br /> NB : Ne le prenez pas mal, mais je regrette, en tant qu'homme de culture, qu'un élu comme vous laisse passer autant de fautes de français, d'orthographe, de syntaxe et de grammaire. Les<br /> responsables politiques devraient considérer la langue comme un hommage rendu à la pensée et comme un moteur pour l'action, l'un des endroits les plus sacrés du ... bien commun !<br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> Geoffroy.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Lu l'article d'un très bon analyste politique, Didier.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Merci pour cette analyse. Mon tiercé pour les primaires, dans le désordre: DSK, Montebourg, Ségolène Royal<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Brigitte<br /> <br /> <br />
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