23 Juin 2011
Dépêche n°151012
Paris, Mardi 7 juin 2011, 19:01:23
« Nous n'aurons aucune difficulté à remplir nos objectifs » de construire 7 800 logements étudiants (Didier Guillot, ville de Paris)
En 2001, au début du premier mandat de Bertrand Delanoë, « nous nous étions fixé pour objectif de financer 7 800 logements [étudiants], nous en sommes aujourd'hui à 6 200 qui sont
d'ores et déjà lancés, programmés ou budgétés ». C'est ce que Didier Guillot, adjoint (PS) au maire de Paris chargé de la vie étudiante, déclare à AEF mercredi 24 mai 2011. « Nous
n'aurons donc aucune difficulté à remplir nos objectifs, et peut-être au-delà, dans les trois ans qui viennent », assure-t-il. La ville de Paris a ainsi « engagé 180 millions d'euros
sur le logement étudiant » depuis le début du second mandat du maire de Paris en 2008. Il revient également sur l'opération Campus à Paris et se dit « agréablement surpris » par
l'enveloppe de 200 millions d'euros attribuée à la vie étudiante (AEF n°148097). Il détaille également
l'accord, qualifié d' « historique », avec la CIUP (AEF n°148285), ainsi que les projets de
la ville de Paris sur le logement étudiant. Enfin, il revient sur le travail d'« Étudiant de Paris - Le Conseil », en rappelant que celui-ci « a participé trois fois à la
consultation préalable à Condorcet ».
AEF : Comment ont réagi les conseillers de Paris à la lecture de la communication de Bertrand Delanoë sur l'enseignement supérieur et la recherche (AEF n°149966) ?
Didier Guillot : À gauche, tout le monde est d'accord sur l'essentiel. Les critiques venant de la droite étaient totalement centrées sur le reproche : « Vous n'accompagnez pas
l'État et faites tout dans votre coin. » Or ce que nous répondons, aussi bien Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris chargé de l'innovation, de la recherche et des universités, que
moi-même, c'est que nous ne sommes pas dans un jeu de confrontation avec l'État. Quand il faut négocier ou discuter avec l'État, nous le faisons. Le dernier exemple, c'est avec la CIUP. Cela a
été une très lourde négociation qui montre que lorsqu'on vient nous chercher, nous sommes là. La grande différence avec les autres collectivités locales est liée aux ambitions locales de la
ministre, Valérie Pécresse. J'en veux pour exemple l'opération Campus qui est bien avancée dans les autres villes, alors qu'à Paris les choses ont mis du temps à se mettre en place.
AEF : Justement, concernant l'opération Campus, que pensez-vous de l'enveloppe de 200 millions d'euros attribuée à la vie étudiante ?
Didier Guillot : J'ai été plutôt agréablement surpris par rapport à l'enveloppe globale. Cela correspond à ce que nous avions senti au début de l'opération Campus sur le fait que tout le
monde était d'accord pour porter des projets de vie étudiante car il y avait un net retard d'équipements en la matière à Paris. Trois ans après, nous venons tout juste d'être invités à travailler
sur les modalités de mise en place et les projets qui doivent voir le jour. Nous allons toutefois avoir une vraie difficulté avec le mode de financement. C'est déjà le cas sur Condorcet. En
résumé, l'État veut tout faire en PPP, or la région ne veut pas en entendre parler. Quant à nous, ville de Paris, nous n'avons pas de religion particulière en la matière. Nous avons donc
l'impression d'être pris entre deux feux.
Ce qu'il est important de noter, c'est qu'en ce qui concerne l'opération Campus, aucun projet de vie étudiante ne sortira réellement de terre pendant ce quinquennat. Il y aura eu beaucoup
d'effets d'annonce tout au long du mandat, mais avant qu'il y ait un restaurant universitaire ou un équipement qui ouvre grâce au plan Campus, je pense que Valérie Pécresse ne sera plus ministre.
De son côté, la mairie de Paris s'était engagée à faire du logement social étudiant une priorité. Nous avons ainsi engagé 180 millions d'euros sur le logement étudiant et nous avons presque
atteint nos objectifs. Nous nous étions fixé pour objectif de financer 7 800 logements, nous en sommes aujourd'hui à 6 200 qui sont d'ores et déjà lancés, programmés ou budgétés. Nous
n'aurons donc aucune difficulté à remplir nos objectifs, et peut-être au-delà, dans les trois ans qui viennent.
AEF : Si les objectifs sont presque atteints, est-ce que la vie étudiante – et plus spécialement le logement étudiant – risque de perdre son statut de priorité de la
mandature ?
Didier Guillot : Au contraire. Il faut bien comprendre qu'il y a un effet de décalage. Cette année par exemple, nous allons ouvrir sept résidences. Mais en réalité, cela correspond aux
financements d'avant 2008 car entre le moment où on achète le foncier et le moment où le projet sort de terre, il se passe un moment. L'an prochain, nous allons en ouvrir dix et l'année suivante,
encore dix autres. Cela correspond à un rythme de livraison soutenu.
Il est important de rappeler qu'avant 2001, il n'y avait que 1 900 logements Crous à Paris et qu'entre 1969 et 1995, aucune résidence universitaire n'a ouvert. Nous sommes donc dans le
rattrapage du retard accumulé, même si nous avons conscience que cela ne suffit pas. Mais il faut prendre en compte le fait que l'adjoint chargé du logement doit traiter beaucoup de demandes
sociales différentes et ne peut donc pas faire que du logement étudiant. Malgré tout, le logement pour les jeunes représente 18 % du logement social à Paris, soit le double de ce que Valérie
Pécresse a demandé lors de la conférence nationale sur le logement étudiant en fixant l'objectif à 10 % (AEF n°148017).
AEF : Pouvez-vous nous donner les détails de l'accord, qualifié d' « historique » avec la CIUP ?
Didier Guillot : La clé de l'accord a été de dire que les logements financés par la ville de Paris ne seraient pas des logements sociaux, mais des logements pour les chercheurs, ce qui ne
correspond pas aux mêmes modes de financement. La CIUP voulait en effet construire de nouveaux logements, mais ne voulait pas de logement à caractère social afin de garder sa spécificité. Nous
aurons donc une maison des chercheurs de la ville de Paris, qui sera située dans l'actuelle résidence Victor-Lyon. Nous avons également deux autres parcelles, dont l'une se situe de l'autre côté
du périphérique, sur Gentilly, qui nous permettra de faire 200 à 300 logements. Pour cela, nous verrons avec Jean-Louis Missika quelles seront les modalités.
Pour nous, la plus grosse difficulté à court terme est l'avenir du terrain de rugby. Nous savons que nous devons le déplacer, cela fait partie de l'accord foncier puisque là il est sur la bande
sur laquelle de nouvelles maisons peuvent être construites. Ils nous ont proposé de le déplacer sur les terrains de tennis, or cela supposerait la destruction de nombreux arbres.
AEF : Quels sont les autres projets de la ville de Paris sur le logement étudiant ?
Didier Guillot : Dans le volet du logement social, avec le Crous comme partenaire principal, nous avons lancé deux nouvelles expériences. D'abord avec une colocation classique, dans un
appartement de 200m2 que nous avons divisé en cinq appartement pour étudiants. Ensuite, nous souhaitons également développer la « colocation solidaire », en partenariat avec l'Afev.
L'idée est que le locataire s'engage à faire du tutorat et à travailler avec les associations locales du quartier. Pour le moment, nous avons développé cette dernière expérience dans le XVIIIe
arrondissement et cela touche cinq étudiants. Il y a aussi un dispositif que nous avons mis en place avec le monde associatif et qui est le logement intergénérationnel. Cela concerne près de 300
étudiants qui sont mis en lien avec des personnes âgées pouvant louer des chambres.
Nous souhaitons maintenant nous pencher sur la question du logement privé. Dans ce domaine, il y a un véritable problème d'informations, ainsi qu'un problème d'aide au départ sur la caution. Il
faut que nous voyions ce qu'il est possible de faire à ce niveau-là.
AEF : Où en êtes-vous des travaux avec « Etudiant de Paris - Le Conseil » ?
Didier Guillot : Celui-ci a pris la suite de l'ancien conseil parisien de la vie étudiante. L'an dernier, le conseil avait travaillé sur le thème de l'insertion professionnelle et avait émis
un rapport avec plusieurs propositions. Le travail mené sur les six derniers mois portait, lui, sur trois sujets lourds : logement, restauration et santé.
Il y avait une nouveauté cette année : le conseil des étudiants de Paris a participé trois fois à la consultation préalable à Condorcet. L'idée est née après ce que nous avons vécu sur le
campus de Paris-Rive-Gauche où la capacité du restaurant universitaire n'est pas assez importante. Nous nous sommes donc dits que puisque nous étions en train d'imaginer un nouveau campus, il
était judicieux de mettre les acteurs de la vie étudiante dans la boucle. Ils ont ainsi été à l'origine d'une véritable prise de conscience du fait que le site de la Chapelle est beaucoup plus
près du site de Clignancourt que de l'autre site de Condorcet qui sera à Aubervilliers. Et étant donné que le restaurant universitaire de Clignancourt va être refait, il faudra qu'après les
travaux, il corresponde aux capacités des deux sites. Le conseil des étudiants de Paris a également insisté sur la vie de campus et la nécessité de mettre en place les outils visant à la
développer.
Contact : Arnaud Magnin, directeur de cabinet de Didier Guillot, 01.42.76.40.19, arnaud.magnin@paris.f