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Le blog de Didier Guillot

Bonjour et bienvenue ! Ce blog est mon espace d'expression et d'échange politique. Il me permet de rendre des comptes de mon mandat de conseiller de Paris du 18ème arrondissement délégué à l'enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante et Président de l'EIVP. Adhérent de La République En Marche et membre de son comité de pilotage parisien, je suis membre du groupe Démocrates et Progressistes au Conseil de Paris et dans le 18eme. Ce blog me permet également de commenter notre actualité politique nationale et parisienne.N'hésitez pas à réagir, à partager et à participer ! De gauche. Réformiste. Européen. Libéral. Ecologiste. Démocrate. Par ailleurs cycliste, pianiste, pongiste et amoureux de la montagne et des écrins.

Vive les primaires

La candidature déclarée et parfaitement légitime de Ségolène Royal nous projette enfin dans l’année 2011, l’année des primaires. Elle nous fait entrer de plain pied dans ce processus voulu et souhaité par les adhérents du PS. Intervient-elle « trop tôt » ? Je crains que ce soit le processus et notre calendrier qui intervienne trop tard et non ceux qui ont la clarté de nous dire aujourd’hui qu’ils seront candidats. Elle nous confirme enfin que ce fameux pacte stupide qui a alimenté les chroniques de presse n’avait strictement aucun fondement. Je n’ai jamais cru à ce pacte et j’avoue ne pas tellement croire au vrai pacte entre Fabius, DSK et Aubry, même si ce trio d’accord sur pas grand chose n’existe que par sa sainte alliance au sein de la même motion déposée au congrès de Reims pour barrer la route à Royal mais aussi à Delanoë.

 

 

Candidatures légitimes

 

La mécanique voulue par Arnaud Montebourg a posé quelques verrous et nous ne pourrons pas nous retrouver en situation d’avoir 30 candidats sur la ligne de départ. Qu’il y en ait entre 5 et 10 n’a rien de choquant. De mon point de vue, je considère que toute candidature est légitime et je commence à en avoir marre de la petite musique qui consiste à disqualifier d’avance x ou y parce qu’il n’aurait pas été ministre, qu’il est trop jeune ou je ne sais quoi. Ce conservatisme et ce paternalisme tellement français est à l’origine de la classe politique qui est l’une des plus âgées de toutes les démocraties européennes. Tony Blair, James Cameron, Felipe Gonzalez ou Zappatero n’avaient pas la moindre expérience ministérielle quand ils se sont retrouvés aux commandes de leur « grand pays » à un âge où en France on se fait traiter de gamin. Je regrette personnellement que la génération des « jeunes députés » élus en 1997 n’ait pas réussi à s’unir autour d’un ou une leader à faire émerger collectivement. Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, mais aussi Vincent Peillon ou Julien Dray et d’autres encore sont tous des responsables particulièrement intéressant et chacun d’eux pourrait être aujourd’hui en pôle position. Aucun n’est capable de s’entendre, par égo, avec les autres et du coup chacun d’eux s’est caché derrière le parapluie de son « ancien » au dernier congrès, Royal, Aubry ou Delanoë, laissant ainsi Benoit Hamon porter seul l’étendard du renouvellement. Benoit Hamon a d’ailleurs un vrai flair politique au bon sens du terme en faisant accéder aux responsabilités de nombreux talents ringardisant alors d’un coup la génération des « bébés Jospin » comme on les appelait entre 1997 et 2002.  Mais ce vrai renouvellement générationnel s’est accompagné curieusement d’un rapport au parti très régressif et classique, avec un formatage politique quasi unique.

Chacun des néos-quinquas pouvait être leader d’une motion en 2008. Le seul qui a d’ailleurs osé est Christophe Caresche mais dans une aventure trop isolée (Le pôle écologique) pour déclencher une dynamique. Chacun d’eux a préféré jouer les caches sexe transformant le congrès de Reims en triple échec : question du leadership non réglé, parti fracturé, aucun saut générationnel avec un affrontement entre anciens ténors de l’ère Jospin du siècle dernier.

Cette frilosité et cette incapacité à jouer collectif ne les disqualifie pas pour autant de présenter de nouveaux paradigmes, de nouvelles façons de penser, d’agir et de faire de la politique. Je perçois beaucoup plus d’audace, d’analyse et de créativité dans les livres publiés par Manuel Valls, François Hollande, Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg que dans les textes très « synthèses molles » de nos conventions verrouillées du sol au plafond.

 

Régler enfin la question du leadership mais aussi de nos débats non tranchés.

 

Je souhaitais personnellement que nous sachions régler la question du leadership du PS et de la gauche lors de notre congrès de Reims et c’était le sens de mon engagement en faveur de la Motion A. Les conditions ahurissantes et troubles de l’élection de notre première secrétaire ont reporté à plus tard cette question. Les militants désertant depuis massivement nos sections et fédérations se bouchant le nez devant ce jeu d’appareil infâme dans lequel les premiers deviennent les derniers parce que les minoritaires de notre parti se considèrent dépositaires du brevet officiel de socialisme leur permettant de considérer que le vote des militants peut être bafoué dans un double tous sauf.

Je ne sais pas si la gauche réussira à gagner en 2012 mais si elle échoue à nouveau, les causes de sa défaite seront profondément ancrées dans ce congrès abominable. Il nous a fait perdre beaucoup de temps. Martine Aubry a fait ce qu’elle a pu ensuite pour essayer de recoller les morceaux. Elle a effectivement réussi à remettre les responsables de notre parti au « travail » et c’est un acquis incontestable, mais au prix d’une anesthésie générale des sections et fédérations où les militants tellement encensés (contre les salauds de « supporters » à 20€) se sont retrouvés cantonnés dans le rôle de machine à voter Oui ou Oui et encore Oui sans qu’à aucun moment on ne fasse appel à leur créativité propre.

Je découvre avec stupéfaction les appels (cf déclarations de Pascal Cherki ou Razzye Hammadi) pour considérer que Martine Aubry ne peut être que l’unique candidate parce qu’elle est première secrétaire. En quoi cela fait une légitimité ? Surtout compte tenu des conditions originelles. Lors de notre première primaire de notre histoire, Lionel Jospin s’est imposé comme leader incontesté de la gauche de 1995 à 2002 en écrasant le premier secrétaire du PS de l’époque pourtant élu 50 jours avant par 85% des apparatchiks de notre parti. Je n’aurai pas aimé avoir le choix entre Balladur et Chirac en 1995. Ce fut le réflexe de survie de nos militants CONTRE le cœur de l’appareil qui tente bien maladroitement à nouveau de nous imposer ce qui ne s’impose nullement naturellement. Martine Aubry pourra peut-être nous faire gagner, mais encore faut-il qu’elle arrive à convaincre nos électeurs dans les primaires. C’est elle qui dispose du plus grand nombre d’atouts et de cartes dans sa main. Mais il y en a une qu’elle a du mal à utiliser : avoir envie pour donner envie. Rien n’est automatique en politique et elle a déjà montré sa capacité à déconcerter et à gâcher ses chances par son absence d’appétence. Son leadership ne sera validé que par les primaires et peut-être le sera t’il, mais ce n’est certainement pas en le décrétant d’office que le débat avancera. Je pense même que ces appels pourraient ne pas lui rendre service.

Mais au delà de la question du leadership, les primaires seront aussi un moment de débat politique comme aucune des conventions verrouillées n’a permis de les avoir. Pas une seule fois les militants n’ont eu le choix sur la moindre option. Ils n’avaient le droit qu’à voter oui parce que les secrétaires nationaux s’étaient tous « officiellement mis d’accord ». Notre parti est un parti de débat démocratique et ces textes votés au canon par la petite minorité de militants qui se déplacent encore pour cette mascarade ne feront certainement pas oublier que derrière les candidatures, il n’y a pas qu’une affaire de kilos perdus, de casting, de crayon dans l’œil mais bien des options politiques qui peuvent légitimement s’exprimer. Les conventions étaient faites pour enfermer tout futur candidat dans un catéchisme improbable et indéchiffrable puisque tout le monde donc personne ne pouvait s’y retrouver. C’est franchement raté et je conseille vivement aux militants socialistes de lire les ouvrages sortis et futurs pour mesurer la richesse des débats qui a été totalement bridée dans ces conventions faites pour amuser la galerie.

 

UnE pour tous les socialistes, tous pour unE socialiste

 

Telle doit être la devise de nos primaires. Je n’ai pas encore fait mon choix mais j’ai cette chance là : aucun candidat ne me donne des boutons, de l’urticaire ou envie d’aller voir chez Europe Ecologie ou Front de Gauche. Et si tout le monde pouvait avoir ce même rapport détachés à nos candidat(es) tout irait bien. Je serai à fond derrière celui ou celle qui sera retenu parce que je veux vraiment que mes enfants sachent enfin ce qu’est la gauche au pouvoir ! Par ailleurs je mesure chaque jour qui passe ce que l’éloignement du pouvoir nous faire perdre en culture de responsabilité et en crédibilité. J’espère que la charte éthique de ces primaires sera effectivement respectée parce que chacun doit expliquer pourquoi son ou sa championne mérite d’être qualifié pour la finale sans perdre son temps à expliquer pourquoi tous les autres doivent être d’emblée disqualifiés. Tous les candidats aux primaires sont et seront socialistes alors merci à la cohorte des sectaires de les prendre comme tel. Personne n’a le moindre brevet de bon ou de non socialisme à décerner à personne et si des socialistes ne peuvent se résoudre à faire campagne pour DSK ou Royal par exemple et bien qu’ils aillent tout de suite rejoindre le néo-populisme mélanchonien puisque sa campagne est justement basée sur le rejet de tous dans le fameux « Qu’ils s’en aillent tous ».

Le ou la leader désigné devra savoir rassembler tout le monde à commencer par les perdants et ce dès le vote acquis. C’est là où les primaires 2006 avaient échouées et les torts sont largement partagés.

Les questions que chacun devra se poser sont pourtant enfantines :

-       qui peut susciter mobilisation et enthousiasme pour faire le maximum au premier tour et sortir nos électeurs de la spirale abstentionniste ;

-       qui peut incarner un projet crédible et rassembleur pour ensuite franchir la barre fatidique des 50% au second tour dans une France en crise et vieillissante ;

-       qui peut susciter la surprise et tenir à distance les candidats nombreux sur le flanc gauche (Front de Gauche) comme du côté du centre (Bayrou et EELV).

 

Comme aucun candidat ne répond d’emblée à ces 3 conditions, alors chacun doit peser ces 3 arguments et celui ou celle qui sortira indemne de ce long processus disposera d’une légitimité tellement forte qu’il saura alors intégrer ses 3 dimensions même s’il pouvait être « faible au départ ». Si tout le monde respecte et se respecte les primaires feront entrer la gauche profonde dans la modernité et cela ne pourra que faire du bien après cette parenthèse de glaciation très « centralisme démocratique » qui a tant ennuyé nos adhérents. Avant de construire ou d’inventer une 6ème République en arrivant aux manettes, il me paraît urgentissime que le PS s’adapte aux institutions de la 5ème République et l’histoire retiendra que c’est d’ailleurs Arnaud Montebourg lui même qui a fait entrer le PS vraiment dans la logique de la 5ème République avec ces primaires. Mais si elles sont réussies, elles seront alors une très belle transition vers cette 6ème République qui ne peut être un retour à la 4ème.

Lionel Jospin s’est imposé leader en 1995 ainsi, Delanoë face à Jack Lang également en 2000 pour Paris avec le succès à la sortie. Je me souviens d’ailleurs de tous ceux qui m’ont expliqué en 2007 qu’en me présentant face à Daniel Vaillant dans le 18ème j’allais affaiblir la gauche et Bertrand Delanoë dans le 18ème. Quelques mois plus tard, jamais une liste de gauche n’avait autant obtenu ni au premier ni au deuxième tour dans le 18ème. Alors arrêtons d’avoir peur des primaires et que le débat commence enfin. 2012 se gagne en 2011. Vive les primaires.

 

 

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G
<br /> les sondages sont pipeau à cette date et DSK est au US et travaille + pour les US que la France; celle ou celui qui gagnera sera celle ou celui qui fera une "bonne" campagne c.a.d. être prêt des<br /> français et ça c'est un challenge !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> je suis contente que Ségolène soit sortie du bois mais les cambriolages ont suivi et ce n'est qu'un début;<br /> c'est lamentable cette république de barbouze ! et le PS est inaudible sur ce sujet !<br /> <br /> <br />
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H
<br /> Les sondages répondent à tes critères et ils mettent bien en avant DSK.<br /> <br /> <br />
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