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Le blog de Didier Guillot

Bonjour et bienvenue ! Ce blog est mon espace d'expression et d'échange politique. Il me permet de rendre des comptes de mon mandat de conseiller de Paris du 18ème arrondissement délégué à l'enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante et Président de l'EIVP. Adhérent de La République En Marche et membre de son comité de pilotage parisien, je suis membre du groupe Démocrates et Progressistes au Conseil de Paris et dans le 18eme. Ce blog me permet également de commenter notre actualité politique nationale et parisienne.N'hésitez pas à réagir, à partager et à participer ! De gauche. Réformiste. Européen. Libéral. Ecologiste. Démocrate. Par ailleurs cycliste, pianiste, pongiste et amoureux de la montagne et des écrins.

La primaire 2016 n'aura pas lieu

Libé a lancé le buzz de l’hiver, celui de la primaire idéale de toute la gauche. Alors venons en aux faits. Tout d’abord, je dois avouer que j’étais un fan des primaires et le suis y compris en interne. Je pense que toute désignation de candidats devrait faire l’objet de primaires qu’elles soient internes ou plus larges et pour en avoir vécu plusieurs et même provoqué une en 2007 dans le 18ème, je mesure combien ce mécanisme a été utile pour permettre la réussite de la campagne de Jospin en 1995 (la première primaire, militante mais première primaire quand même !), de celle de Bertand Delanoë à Paris en 2000, de celle de Ségolène Royal en 2006 (encore que son incapacité à rassembler les perdants a coûté cher…) et de celle de 2011 qui nous a permis de sortir de 3 ans de verrouillage de l’appareil de Martine Aubry, verrouillage qui s’est avéré aussi inefficace qu’inutile pour justement la faire gagner les premières primaires ouvertes. Pour autant si ces primaires pourraient être un beau moment en 2016, je reste convaincu qu’elles n’auront jamais lieu et ce pour plusieurs raisons.

1° Le respect de nos institutions.

Nous pouvons mesurer chaque jour l’incapacité d’une part non négligeable de la gauche à vouloir intégrer ce que sont nos institutions de la 5ème République. Pour autant, l’élection présidentielle reste le moment clef de ces institutions et le président qui mettra fin à l’élection présidentielle au suffrage universel n’est pas né. Une certaine gauche s’invente en permanence des visions idéales de la vie politique mais ces visions n’ont aucun écho dans la vie réelle. Pensez que les Français qui élisent leur président de la république au suffrage universel direct préfèreraient confier ce pouvoir aux parlementaires comme sous les 3ème et 4ème république est un non sens. C’est même grotesque. Cela l’est d’autant plus qu’en général ceux qui dénoncent nos institutions le font au nom en particulier de la crise du politique et de la crise de confiance qui se traduit par l’abstention. Or, si nous vivons bien une montée forte de l’abstention à toutes les élections intermédiaires depuis 20 ans, l’élection présidentielle reste l’élection où plus de 80% des électeurs continuent de se déplacer au moins au second tour. La probable et possible qualification de Marine Le Pen en 2017 devrait avoir pour effet d’être dans ces eaux-là une fois encore ! Nous pouvons observer que l’élection qui a subi la plus forte érosion de participation est l’élection législative et non pas l’élection présidentielle. Cela devrait faire réfléchir un minimum nos thuriféraires du régime 100% parlementaire.

Or, dans nos institutions depuis l’élection au suffrage direct en 1962, tous les présidents sortants se sont représentés naturellement à l’issue de leur premier mandat. Comme le font tout maire sortant ou tout président américain après un mandat. Ils n’ont pas forcément gagné (cf VGE et Sarkozy), mais quand ils perdaient l’élection c’était en arrivant à minima en tête du premier tour. Il y a donc un réflexe légitimiste naturel et un rapport direct entre le Président et les électeurs. Et dans ce rapport, il faut bien comprendre qu’un Président sortant doit sa légitimité à la majorité des plus de 80% de votants, bien plus qu’aux primaires qui l’ont précédé. Or cette légitimité bien supérieure à toutes les autres elle vient du peuple et ne peut être démise que par le peuple. Je ne vois donc pas comment un Président sortant pourrait remettre son mandat en jeu en passant par la case d’une primaire dont l’organisation reste soumise de fait à un certain amateurisme politique, voire à contestation.

2° Le respect du calendrier.

Imaginons qu’une primaire se déroule en juin 2016 et que François Hollande se retrouve loin derrière son premier ministre ou unE de ses ministres. Comment pourrait-il porter la parole de la France, en particulier à l’international, s’il était ainsi affaibli avant même l’élection réelle ? Dans toute élection, la candidature d’un sortant surtout au bout d’un seul mandat, est tout simplement naturelle. Je rappelle que sous la 5ème République, tous les présidents sortants ont attendu le tout dernier moment pour lancer leur campagne. C’était vrai pour De Gaulle en 1965, comme pour VGE en 1981, Mitterrand en 1988 (un mois avant), Chirac en 2002 (deux mois avant) et Sarkozy en 2012 (deux mois avant). Or si François Hollande attend le mois de février 2017 pour être tout simplement le président de tous les français jusqu’au bout, comment pourrions nous organiser une quelconque primaire entre mars et avril 2017. Cela n’a aucun sens et est complètement déconnecté des réalités.

En revanche si au mois de juin ou septembre 2016, François Hollande, président sortant annonçait qu’il ne serait pas candidat, là une primaire prendrait tout son sens. Encore faut-il savoir avec quels contours ?

3° Mais quelle gauche pour quelle primaire ?

Le débat lancé par Libé est de ce point de vue à la fois juste et surréaliste.

Juste car il pose au moins une question qui reste pourtant simple à comprendre depuis le 21 avril 2002. La gauche peut encore gagner en 2017, en particulier si elle est qualifiée au second tour face à Marine Le Pen, mais cela signifie que l’espace de la gauche réformiste n’est pas pollué par deux, trois ou quatre candidatures comme en 2002. Il faut effectivement un candidat des socialistes, écologistes et radicaux de gauche et un seul. Et avoir une primaire de cet espace là aurait du sens et clarifierait les choses. Et juste aussi parce qu'une primaire c'est un moment de débat qui peut faire émerger des propositions intéressantes et comme on ne vois rien venir de bien créatif du côté de chacun des partis mais surtout du PS, cela pourrait réveiller l'inventivité de tout le monde. Mais le débat tel qu'il est posé a quelque chose de surréaliste aussi au vu des acteurs. Le problème c’est qu’en terme de clarification ce sont bien les écologistes qui ont brouillé toutes les pistes depuis trois ans. Or ce sont eux qui se posent en tenant d’une forme de clarté. C’est un peu fort de café comme tour de passe passe. Cécile Duflot a été élue députée en passant un accord de gouvernement avec le PS. 3 ans après, elle a poussé son parti dans les bras d’une alliance parfaitement contre nature avec le PG et le FG qui s’est avérée un échec total, reconnu d’ailleurs avec honnêteté par Emmanuelle Cosse. Et ce sont les mêmes qui veulent incarner l’union des gauches. Mais de quelles gauches au juste ? Parce qu’une chose est sûre : la gauche qui accepte de gouverner n’a plus grand chose de commun avec celle qui l’a torpillé. Je ne vois pas très bien comment on pourrait organiser une primaire incluant Hollande ou Valls et Mélenchon/Duflot/Autain ou je ne sais qui encore.

Cette petite gauche là était persuadé qu’en s’alliant avec le PG, elle allait prospérer sur l’impopularité de l’exécutif. Résultat le PS a obtenu un de ses meilleurs scores à des régionales quand il était au pouvoir (23,5% contre 21% en 1998 et 13% en 1992…) et les écologistes eux obtenaient le plus mauvais score à ces élections depuis 1992. C’est eux qui se sont et de loin le plus effondrés depuis 2010 (dans le nord ils sont passés de 16% à 4,5% avec le PG…). Et ce sont donc eux qui viennent aujourd’hui vous expliquer que Hollande et Valls sont disqualifiés d’office et qu’il faut organiser une primaire pour voir qui serait le bon candidat de la gauche ! Mais de qui se moque t’on au juste ?

Par ailleurs, l’opération Libé vise à remettre en selle pour son ultime tour de piste Dany Cohn Bendit. Qui peut sérieusement croire que le DCB de 71 ans en 2017 puisse d’une part incarner un quelconque renouvellement de la classe politique mais surtout pouvoir rassembler la gauche radicale et la gauche réformiste. Vous imaginez deux minutes Mélenchon, Autain et Laurent faire campagne pour Dany ? Tout cela manque singulièrement de sérieux et de crédibilité.

Au lieu de s’inventer une primaire qui n’aura jamais lieu, les écologistes feraient mieux d’arrêter leurs enfantillages et d’aller au bout de la reconnaissance de leur fausse route entamée par Emmanuelle Cosse en entrant à nouveau au gouvernement parce que nos électeurs ils attendent de leurs élus qu’ils agissent en responsabilité, pas qu’ils se contentent de commenter l’actualité politique.

4° Quel dispositif ?

Si l’objet de la primaire était alors d’écarter le binôme de l’exécutif actuel, cela signifierait de facto que le PS en tant que parti ne peut faire partie de l’organisation. Or pour organiser une primaire, il faut un minimum de troupes militantes solides pour tout simplement tenir les fameux bureaux de vote et assurer la sincérité du scrutin. Je vous laisse comparer les chiffres de la primaire socialiste de 2011 et de celle des écologistes qui était aussi ouverte pour aboutir à la désastreuse candidature Joly. Et encore les écologistes sortaient alors de très belles élections, pas aussi désastreuses que les dernières ! Donc qui peut m’expliquer sur quel dispositif humain et matériel une primaire hors PS pourrait être réellement organisée.

5° Quel respect du résultat ?

La gauche qui aujourd’hui hurle qu’elle veut des primaires est tellement déconnectée du réel qu’elle ne se rend même plus compte qu’elle n’a en réalité par le moindre candidat crédible à proposer pour un tel exercice. Si des primaires devait avoir lieu demain, il est fort à parier que soit Hollande, soit Manuel Valls soit les deux se retrouvent en tête de cette primaire. D’abord parce qu’ils incarnent de facto aujourd’hui la gauche qui accepte d’agir et de gouverner chose voulue par le peuple, excusez du peu ! Or, il y a fort à parier que ceux qui ont organisé les primaires en voulant écarter ces deux leaders actuels de la gauche n’en accepteraient pas le résultat et se tourneraient alors vers d’autres candidats. D’ailleurs nous venons de vivre un quinquennat avec une minorité active du PS qui n’a tout simplement jamais accepté le verdict des primaires de 2011 et a donc dépensé toute son énergie politique à saboter le quinquennat de François Hollande.

6° Du point de vue interne, quel respect des statuts.

Faut-il s’en amuser ? En tout cas je ne peux que m’étonner de voir les militants du parti socialiste qui gravitent dans l’orbite des frondeurs en appeler au respect des statuts du Parti Socialiste au sujet des primaires. C’est presque risible. Si les statuts du PS avaient été respectés par le PS et le groupe socialiste, alors les députés frondeurs qui n’ont eu de cesse de ne pas respecter l’article sur la discipline de groupe auraient été exclus du PS tout simplement. En appeler aux statuts alors qu’ils sont bafoués tous les jours par les mêmes est dérisoire. Par ailleurs François Hollande n’est plus le candidat d’un parti, mais le Président sortant qui pourra se tourner vers le peuple en lui disant, continuons avec moi, revenons avec Sarko/Juppé ou plongeons dans l'inconnu avec Marine Le Pen. Un Président sortant n’a de plus que faire de statuts d’un parti dont il ne peut plus faire parti étant le président de tous les français. C’est valable pour François Hollande comme ce fut le cas pour François Mitterrand en 1988 dont le logo du poing et la rose avaient totalement disparu des affiches.

Alors nous pouvons continuer à nous faire plaisir avec des buzz qui feront pshitt mais le plus probable est qu’il n’y aura pas de primaires parce que François Hollande serait à nouveau candidat ou alors qu’il y aura de vraies primaires en l’absence de François Hollande, mais qu’elles ne seront pas respectées car son vainqueur le plus probable s’appellerait Manuel Valls. Depuis 2012, la gauche qui gouverne a été impopulaire assurément, incomprise c’est évident. Elle a déçue, personne ne peut le nier. Mais au fond de lui le peuple de gauche est bien plus lucide que ne le pensent bien des militants et son centre de gravité politique n’est pas là où l’aile gauche du PS le croit. Nos électeurs sont déçus mais ils ont appris à comprendre dans quel contexte, dans quelle gravité de la crise nous agissons. Crise économique, crise sociale, comme guerre contre le terrorisme. Et dans ce contexte, ils ont aussi montré, élection après élection, qu’il n’y avait pas la moindre alternative de gauche crédible. Par le moindre syriza ou Podemos possible. Sortez de vos petits cercles militants étriqués des courants, du MJS, de l’UNEF, des multiples petites boutiques de la petite gauche et prenez le temps de discuter autour de vous. Demandez donc à votre coiffeur, à la personne âgée qui est dans le bus ou à son chauffeur, à l’ouvrier qui sort de son usine et même au chômeur qui consulte les annonces à Pôle emploi s’ils pensent un seul instant que Cécile Duflot, Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Clémentine Autain puisse incarner une gauche crédible capable de barrer la route à Le Pen et/ou Sarko/Juppé. Alors où la gauche réformiste se ressaisit et assume l’action pour préparer un second mandat soit de François Hollande soit de Manuel Valls, soit elle choisit de partir en miettes pour arriver au non choix comme en 2002. Et comme je ne crois pas que les électeurs aient envie d’avoir à choisir entre le FN et LR, ils se rassembleront derrière celui qui incarne la gauche de demain avec ou sans primaires.

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J
Selon les dernières nouvelles...Mme Marisol Touraine serait candidate à l'élection présidentielle.La candidature à l'élection présidentielle semble s'apparenter à une véritable épidémie....voire une pandémie ! Même la ministre de la santé a contracté le virus...C'est inquiétant !
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A
Analyse bien argumentée et point de vue que je partage absolument. C'est incroyable, cette lucidité, cette intelligence. Bravo. Respectueusement, André.
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A
La présidentielle n'aura pas lieu.